Le travail de Rubén ces dernières années tourne autour de la haute signification et de la valeur culturelle de la couleur noire. En référence à la nuit, à l'obscurité, à la mort, à la chute, à la perte, à l'absence, au vide, au deuil, à la douleur, au chagrin, à l'annulation, au déni, au silence, au néant. Mais aussi le renoncement, le sacrifice, l'honnêteté, la pureté, l'austérité, l'indépendance, le défi. Son objet de représentation pourrait bien être l'abondant noir exosphérique. Ce noir voilé par le bleu du ciel diurne (le ciel protecteur, selon l'heureuse expression du romancier Paul Bowles). Le noir profond de l'espace interstellaire, du vide cosmique. Le noir des étoiles massives qui s'effondrent sur elles-mêmes, produisant des sphères infiniment serrées et denses, auxquelles tout succombe, y compris le rayonnement électromagnétique, c'est-à-dire la lumière. Le noir des trous noirs.

Nous ne faisons pas souvent l'expérience d'un tel niveau de noirceur dans la lumière vive d'une salle d'exposition. Et c'est précisément l'expérience extrême que l'artiste souhaite faire vivre au public.

"Je ne conçois pas le noir comme une absence de lumière, mais comme la perception d'une certaine absorption, idéalement totale, de la lumière. Une excellente couleur noire peut même être renforcée par le contraste dans un environnement clair et bien éclairé... La couleur noire veut toute la lumière pour elle-même mais, paradoxalement, elle doit laisser quelque chose derrière elle pour que nous puissions apprécier l'effet de son immense appétit [...]."