Jusqu'au 22 février, vous pouvez visiter l'exposition Zaragüeta, pintamonas, organisée par Javier Pérez de Zabalza Vidaurre, au Musée de Navarre. L'exposition est présentée dans la salle d'expositions temporaires au rez-de-chaussée et nous plonge dans l'univers méconnu de celui qui peut être considéré comme le premier illustrateur navarrais.

Les illustrations de Mariano Zaragüeta font partie de l'éducation visuelle de plusieurs générations. Des images peut-être oubliées aujourd'hui, mais dont la contemplation fera automatiquement resurgir des souvenirs vivaces du passé.

Le titre de l'exposition

Le titre de l'exposition, qui présente plus d'une centaine d'œuvres, fait référence au peu de considération dont a historiquement bénéficié la pratique de l'illustration. Pour de nombreux critiques et artistes, à l'époque comme aujourd'hui, Zaragüeta n'était probablement rien d'autre qu'un "gribouilleur". Un terme péjoratif mais pas tout à fait inapproprié, car son étymologie renvoie au terme familier "mono", très répandu au XIXe siècle et jusqu'au XXe siècle, pour désigner tout dessin réalisé, avec plus ou moins d'habileté, mais sans vocation artistique apparente, pour accompagner un texte ou dans un but humoristique: illustrations, vignettes, bandes dessinées, caricatures... Bien qu'il ait créé sans prétention ni prétention d'importance, Zaragüeta a fini par laisser une empreinte indélébile dans l'imaginaire populaire de l'Etat espagnol d'après-guerre et même de toute l'Amérique latine.

Mariano Zaragüeta (Iruñea, 1913-1980)

L'un des premiers illustrateurs professionnels de la Communauté forale de Navarre qui, contrairement à ses contemporains - Pedro Lozano de Sotés, Francis Bartolozzi, Ángel Rodríguez Ginés, Leocadio Muro Urriza, Félix Aliaga "Felines"... -, qui combinaient cette pratique avec d'autres disciplines ou métiers, Zaragüeta se consacrait exclusivement au dessin. C'est peut-être pour cette raison qu'il est pratiquement passé inaperçu dans l'historiographie de l'art navarrais.

Jusqu'à présent, on savait très peu de choses sur son œuvre. L'artiste ne comptait que très peu de références bibliographiques, et les rares informations disponibles étaient également imprécises, voire carrément erronées. Aujourd'hui, 45 ans après sa mort, cette exposition vise à corriger les attributions erronées, à faire connaître Zaragüeta comme il se doit et à revendiquer son inclusion dans la liste des artistes contemporains navarrais, élargissant ainsi le canon pour l'ouvrir davantage à la discipline de l'illustration.

Jusqu'à présent, son œuvre n'avait jamais été exposée dans les musées, mais elle ornait, sous forme d'affiches, les rues de tout le pays; il n'a jamais peint de portraits, mais il a réalisé des caricatures, et au lieu de grandes œuvres littéraires, il a illustré des contes pour enfants. S'il a parfois illustré les piliers de notre littérature, c'était dans des versions abrégées et adaptées aux premiers lecteurs. Et lorsque ses créations accompagnaient la prose d'auteurs illustres, c'était dans des magazines populaires, à consommation rapide. En effet, selon les normes d'autrefois, la carrière de Zaragüeta était loin de toute considération artistique, et pourtant, elle a contribué à déterminer l'imaginaire collectif d'un pays, celui de l'après-guerre, qui avait grand besoin de stimuli visuels.